A l’ère de l’affolement et de la surenchère médiatique, voici quelques nouveautés pour prendre le temps de voir l’actualité autrement.
“Cocktail toxique : Comment les perturbateurs endocriniens empoisonnent notre cerveau” de Barbara Demeneix – Odile Jacobs
Tous les jours, notre organisme absorbe et emmagasine une quantité croissante de polluants chimiques provenant de notre environnement. Pesticides, plastifiants, désinfectants, retardateurs de flamme, agents tensio-actifs, filtres UV : ces polluants omniprésents contribuent non seulement à la multiplication alarmante des troubles neurologiques et des difficultés d’apprentissage, mais ils pourraient bien, dans un futur plus ou moins proche, être à l’origine d’une baisse globale des performances cognitives chez l’être humain – une première dans l’histoire de l’humanité.
Face à ce bilan très inquiétant, Barbara Demeneix, spécialiste mondiale des perturbateurs endocriniens, nous explique quelles mesures concrètes prendre, pour aujourd’hui et pour demain, afin que nous tous, adultes, enfants, petits-enfants, nous puissions rester intelligents et en bonne santé !
“Poutine l’homme que l’occident aime haïr” de Nina Bachkatov – Editions Jourdan
Entre peur et admiration, Vladimir Poutine, président de la Russie, ne laisse personne indifférent. Allié ou ennemi, ou les deux à la fois, l’homme qui, en secret, rêve d’être un nouveau tsar, fascine. Au fil des années, la méfiance et la peur ont remplacé les espoirs mutuels de dialogue ; chacun a renoué avec les vieux réflexes de la Guerre froide. Pour décrypter Poutine et les réactions qu’il suscite, il fallait une vision et une analyse fortes du courant qui porte son nom, le « poutinisme ». Ce livre s’attache donc à dévoiler et à expliquer les différents éléments qui alimentent cette peur et in fine le rejet viscéral du « poutinisme ».
Il propose une analyse nouvelle des étapes de la construction de son ascension depuis 1999, l’évolution de sa conception du pouvoir et les moyens qu’il met en œuvre pour replacer la Russie au cœur de la politique mondiale. Sans oublier ses contradictions et l’évolution de son image aujourd’hui déplorable aux yeux des Occidentaux – tandis que les Russes s’exaspèrent, eux, de l’attitude occidentale.
“Daesh paroles de déserteurs” de Thomas Dandois et François-Xavier Trégan – Gallimard
Daesh, paroles de déserteurs est une plongée au cœur de la machine État islamique. Elle dévoile les différentes facettes de l’organisation à travers les mots de ceux qui, après avoir servi et combattu pour elle à un moment de leur vie, s’en sont échappés.
Ces déserteurs sont-ils pour autant des repentis? La plupart ont décidé de s’évader, écœurés par une accumulation de violences, de cruautés, de mensonges et de corruptions, ou par simple intérêt personnel.
Ces paroles libres, souvent teintées d’amertume et de regrets, prouvent que l’État islamique n’est en rien le bloc uni, solide et cohérent présenté par les vidéos de propagande.
Les deux auteurs, à la recherche d’une réalité clinique, ont offert la parole à ceux que l’on n’entend pas, parce qu’ils se cachent. Ils ont mis de côté leurs émotions et leur jugement personnels pour favoriser la confidence, comme ce soir du 13 novembre 2015 passé aux côtés d’un ancien soldat de Daesh qui, à la question : «Que pensez-vous de cet attentat?», répond : «Je préfère ne rien dire, vous ne comprendriez pas.»
“Pourquoi libérer Dutroux? Pour un humanisme pénal” de Bruno Dayez – Samsa éditions
Pourquoi cette question?? N’est-elle pas incongrue?? Peut-on concevoir un autre destin pour l’intéressé que de finir ses jours muré dans sa cellule?? Et dans un isolement dont rien, ou presque, ne doit le sortir??
Ce livre nous rappelle, avant tout, les tenants et aboutissants légaux qui régissent notre système de justice pénale, tâche nécessaire en regard des lieux communs, voire des légendes urbaines, qui circulent aujourd’hui.
Ensuite, répondre à cette question, c’est ouvrir un débat qui en sous-entend nombre d’autres?: Que signifie l’abolition de la peine capitale?? La perpétuité réelle a-t-elle un sens?? À quelle aune mesurer les peines?? Quelle est leur vocation ultime?? Nos prisons remplissent-elles leur office?? Quelle place réserver aux victimes?? Ainsi, le cas particulier de Marc?Dutroux nous renvoie à des interrogations fondamentales sur l’exercice du «?droit de punir?».
Pouvoir en débattre sereinement est l’objectif à la fois accessible et nécessaire de ce livre.
“D’abord ils ont effacé mon nom” d’ Habiburahman – Éditions de la Martinière
En 1982, les Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, sont privés du droit à la citoyenneté. Habiburahman, alors âgé de trois ans, devient apatride dans son propre pays.
Soumis au bon vouloir de la junte militaire au pouvoir, Habiburahman, comme des millions de Rohingyas, est en survie. Il raconte tout, se souvient de tout : les humiliations et les travaux forcés, l’extorsion, la ségrégation, les arrestations arbitraires, la torture…
Mais Habiburahman, qui lutte pour pouvoir étudier, a soif de justice et de liberté. Il réussit finalement à fuir la Birmanie, y laissant à contrecœur une partie de sa famille. Aujourd’hui réfugié politique en Australie, il incarne la parole des Rohingyas et s’engage pour défendre leur cause.
Ce livre est son récit et celui de tout un peuple en voie d’extermination.
“J’ai vu la mort en face: une vie après l’attentat” de Walter Benjamin – Editions du Rocher
Walter Benjamin est sur le point d’embarquer quand un kamikaze se fait exploser à quelques mètres de lui. Violemment projeté en arrière, il découvre hébété qu’il a perdu une jambe. Nous sommes le 22 mars 2016, il est 7 h 58 à l’aéroport de Bruxelles. Autour de lui, des corps brûlés, un homme décapité… Une scène apocalyptique. Amené à l’hôpital dans un état critique – il a perdu énormément de sang –, les médecins parviendront tout de même à le sauver. Débute alors le récit d’une reconstruction, les longs mois d’hospitalisation, les opérations, la rééducation… Walter doit mener un combat quotidien, contre ses angoisses, ses idées noires, réapprendre à vivre dans ce nouveau corps, s’autoriser à aimer aussi…
Un témoignage qui touche par son exemplarité et la capacité de résilience de son auteur.
“Vincent tout-puissant” de Nicolas Vescovacci et Jean-Pierre Canet – JC Lattès
Quand un huissier s’est présenté à sa porte, Nicolas Vescovacci a d’abord cru à une erreur. Puis il a compris : Vincent Bolloré lui réclamait 700 000 euros pour avoir simplement cherché à obtenir une interview avec l’homme d’affaires ou ses proches. Cette « anecdote » dit tout : l’art de l’intimidation du tycoon, son goût de la transgression, sa puissance de feu financière, la démesure de son monde mais aussi sa hantise d’être l’objet d’une enquête. Il était, dès lors, impossible de renoncer.
Ce livre est le fruit de deux années d’enquête sur les réseaux et les méthodes d’un des hommes les plus puissants de France.
“Le roi des cons: Quand la langue française fait mal aux femmes” de Florence Montreynaud – Le Robert
Les mots que vous utilisez signifient-ils exactement ce que vous voulez dire ?
Il est bien des tournures tendancieuses, « crime passionnel », « préliminaires », « nom de jeune fille » ou « instinct maternel », que j’ai utilisées avant de prendre conscience de leur contenu machiste. Depuis le masculin pluriel qui écrase le féminin jusqu’au refus d’employer la forme féminine des noms de métier, en passant par des insultes sexistes comme con et ses dérivés, le langage usuel dévalorise le féminin, minore ou justifie des violences masculines.
Changer le monde prendra un certain temps. Changer les mots, c’est possible tout de suite.