“On ne naît pas femme : on le devient” est probablement la citation la plus connue et empruntée à Simone de Beauvoir. Ce slogan féministe résume la construction de la féminité au fil des siècles. Une construction qui a longtemps servi à justifier l’exclusion des femmes au sein de la sphère publique. Si des progrès ont en effet été réalisés depuis autour de la condition et du statut de la femme, qu’il existe une distinction claire entre le sexe biologique et le genre, devenir une femme est et reste un processus qui relève parfois de l’occulte et s’apparente à un parcours du combattant. Nous vous proposons ici une sélection d’œuvres abordant chacune selon un angle ou un point de vue différent, ce corps féminin.
“Pucelle : Tome 1 : Débutante” de Dupré La Tour, Florence – Dargaud (2020)
Dans sa BD autobiographique, Florence Dupré la Tour nous narre son parcours. Élevée dans une famille catholique, elle vit une enfance candide autour de la question de la naissance. Elle n’échappe pas à la légende du chou et de la rose. La chose interdite, pour ne pas dire le sexe, ne lui est révélée qu’à l’adolescence, une période de révolution contre son corps dont la transformation justifie l’autorité paternelle et la résilience maternelle de ses parents. Un premier tome dont on attend impatiemment la suite !
“Ceci est mon corps” de Guène, Faïza, Mey, Louise, Cuxac, Anna, Motrot, Isabelle – Rageot : Causette (2020)
Il s’agit d’un recueil qui dénonce à sa façon l’instrumentalisation politique, sociale et religieuse du corps féminin. Il regroupe six réflexions, six regards à propos des questions que se posent les femmes au cours de leur vie. Six auteures pour six parties du corps, allant des seins aux intestins. Partageant leur expérience personnelle ou celles des autres, elles s’évertuent à déconstruire l’adage “il faut souffrir pour être belle” longtemps associé à la beauté féminine.
“Brindille” de Courgeon, Rémi – Milan (2012)
Pavlina, dite Brindille, est la cadette d’une famille, qui plus est, la seule fille entourée de trois grands frères. La distribution des tâches ménagère est régie par la loi du plus fort. Fatalement, Brindille se retrouve à s’occuper de la maison au détriment de ses cours de piano. Pour pallier sa faiblesse, elle trouve une solution : la boxe. La motivation et la détermination de Brindille sont un uppercut aux préjugés sexistes.
“Les sorcières de la littérature” de Kitaiskaia, Taisia – autrement (2019)
Des femmes qui maîtrisent les secrets de l’alchimie du verbe ne peuvent qu’être des sorcières. Elles ont commis un sacrilège : celui d’avoir osé déloger la femme de son rôle de muse pour l’élever à celui de créatrice dans l’art de l’écriture. Sappho, Virginia Woolf, Agatha Christie, Mary Shelley ou encore Mirabaï et bien d’autres, venez découvrir ici des biographies synthétiques d’une trentaine de femmes, écrivaines ou poétesses des différents continents et à différentes époques qui ont su ensorceler par les mots. Un ouvrage idéal pour découvrir ou en apprendre davantage sur ces talents féminins.
“Les victorieuses” de Colombani, Laetitia – Grasset (2019)
Si vous avez apprécié La Tresse, premier roman et best-seller de Laetitia Colombani, ne manquez pas l’occasion de lire Les victorieuses, le destin d’une autre femme : Solène, avocate qui, à la suite d’une affaire juridique tragique, tombe en burn out. Pour surmonter sa dépression, son psychiatre lui recommande une activité bénévole, celle d’écrivain public pour le Palais de la Femme. Son arrivée est loin d’être à la hauteur de ses attentes. Solène doit faire face au mur de la méfiance qui la sépare des pensionnaires et il lui faudra un certain temps et quelques petites circonstances hasardeuses avant qu’elles ne s’ouvrent à l’écrivain public qui va, à travers ces femmes, découvrir le sens de sa vocation. Parallèlement, Laetitia Colombani propose une mise en abyme de l’histoire du Palais de la Femme et celle de sa fondatrice : Blanche Peyron. Un roman puissant et passionnant !
“Celle que je suis” de Loyer, Anne – Slalom (2019)
C’est l’histoire de Anoki, une jeune fille brillante de 16 ans vivant à New Delhi et qui, pleine d’ambition, découvre enfin ce qu’elle appelle “sa voie”. Elle rêve d’une carrière, mais se heurte aux réticences de sa famille fortement attachée aux traditions. On lui rappelle sans cesse qu’elle est une fille et que le mariage doit rester sa priorité comme pour toutes les filles d’Indes. Les études ne doivent lui servir qu’à s’assurer un bon parti. Mais Anoki signifie “différente” et notre héroïne compte bien se battre pour s’émanciper des traditions patriarcales et réaliser son rêve. Un roman idéal pour sensibiliser les adolescents aux questions d’inégalité.
“Peau d’Homme” de Hubert – Glénat (2020)
Avec un titre qui rappelle le célèbre conte, Peau d’Homme, dernier chef-d’oeuvre du bédéiste Hubert, est un conte qu’on peut sans conteste qualifier d’humaniste et féministe. Dans l’Italie de la Renaissance, la noble Bianca est en âge de se marier. Et quel beau parti représente le séduisant et jeune Giovanni. Pourtant, la jeune femme aimerait pouvoir mieux connaître son fiancé qu’elle n’aura aperçu brièvement qu’une fois. Elle pourra alors compter sur l’aide de sa tante qui lui dévoile alors un secret bien gardé par les femmes de sa famille maternelle. Amour, sexualité, religion, politique, féminisme ou encore sensibilité artistique, bien que cette histoire se déroule à une autre époque, elle se révèle être le miroir des travers de notre société telle que nous la connaissons aujourd’hui.
“Mon corps qui change: 50 conseils pour apprendre à s’aimer” d’Ibrahim, Marawa et Erkas, Sinem – Gallimard Jeunesse (2020)
L’ouvrage de Marawa Ibrahim et Sinem Erkas est un petit guide composé de 50 conseils pour apprendre à s’aimer. Il aborde sans tabou et avec humour différentes questions que se posent les jeunes filles une fois confrontées aux aléas de la puberté : apparition des seins et des poils, premières règles, émotions et moments gênants, peur du regard des autres, image de soi, mode et réseaux sociaux, alimentation et sommeil, sport et médiation, etc. Marawa Ibrahim traite de ces sujets sur un ton qui se veut rassurant. À l’instar d’une grande sœur, elle partage des anecdotes liées à sa propre expérience de l’adolescence. Un livre à la fois sérieux et décalé qui brise les normes et encourage la confiance en soi.
“Tout nu! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité” de Daguzan Bernier, Myriam – éditions du ricochet (2020)
Qu’est-ce que le consentement ? Est-ce que je suis normal.e si je n’ai pas envie de faire l’amour ? Qu’est-ce que la contraception ? Que signifie LGBTQ+ ? Le dictionnaire bienveillant de la sexualité répond sans tabou et avec ouverture aux nombreuses questions que se posent les adolescents. Il leur permet de découvrir de A à Z la sexualité, l’identité, les relations amoureuses et l’image de soi. Il constitue un outil idéal et indispensable pour entamer la discussion, dédramatiser, expliquer et rassurer.
“Le prince et la couturière” de Wang, Jen – Akileos (2018)
Le prince Sébastian doit trouver une épouse pour satisfaire ses obligations royales. Tandis que ses parents s’évertuent à lui trouver la parfaite candidate, le prince préfère quant à lui vivre secrètement sa passion pour la haute couture féminine à travers son identité secrète : l’époustouflante Lady Crystallia, l’icône de mode la plus courue de Paris ! Sébastian peut compter pour cela sur l’aide de sa couturière et plus grande amie Francès qui, avec ses doigts de fée, réalise de somptueuses robes pour le prince. Gardienne de son secret, elle doit toutefois exercer son talent dans l’ombre alors qu’elle rêve d’être reconnue parmi les grands couturiers de la capitale. Cette bande dessinée brise les clichés du prince charmant et aborde avec subtilité les thèmes du travestissement, de la quête identitaire tout en délivrant un message de tolérance.
“Colette” de Westmoreland, Wash – 2018
Ce titre éponyme est un biopic de la romancière connue pour son personnage Claudine. Pour faire connaître sa plume, son époux, l’écrivain Willy, signe ses œuvres et l’introduit progressivement à la vie mondaine des salons parisiens. Le film dépeint le parcours d’une femme qui va s’émanciper en tant qu’artiste, bouleversant les codes sociaux dans ses romans comme sur la scène des théâtres.