Chères lectrices, chers lecteurs, voici les suggestions du Club de lecture pour le mois de février 2018:
OTSUKA, Julie. Certaines n’avaient jamais vu la mer* (2012)
DUCRET, Diane. Les indésirables* (2017)
SZABO, Magda. La porte (2003)
HARUF, Kent. Nos âmes la nuit (2016)
AZOULAI, Nathalie. Titus n’aimait pas Bérénice* (2015)
WALLANT, Edward Lewis. Moonbloom (1963 / 2017)
MIYABE, Miyuki. Du sang sur la toile (2010)
* Disponible à Sésame
Prochain Club de lecture: le mardi 20 mars 2018 – Thématique : écriture et engagement
Animation et contact : Véronique Camus – vroniquecamus@gmail.com
Moonbloom d’Edward Lewis Wallant
Norman Moonbloom, est nommé gérant des quatre immeubles dont son frère est propriétaire. Il se charge de la collecte des loyers, tous les vendredis, essuyant les demandes des locataires qui se plaignent du mauvais état des appartements ou des parties communes et les locataires y vont de leurs critiques vis à vis de la fonction de gérant. Dépassé par les travaux à faire et surtout par l’image que lui renvoient les locataires, le gérant va lentement entreprendre une introspection et une remise en cause de son existence déclenchant une série de questionnements sur lui-même, jusqu’au jour où il dresse la liste de tous les travaux à faire et commence à redresser la situation et par là-même à reprendre sa vie en main.
Moonbloom est une étude psychologique extrêmement fine d’un anti-héros et également l’analyse des petites gens de New-York, chacun perdu dans ses contradictions, ses peurs ou ses angoisses, dévoilées au fur et à mesure des collectes des loyers.
Moonbloom est un des deux romans édités à titre posthume de Edward Lewis Wallant , victime d’un AVC à trente-six ans, qui a publié au total quatre romans et c’est un auteur à découvrir, trop tôt disparu.
La porte – Magda Szabo.
A Budapest, Emerence la soixantaine, gardienne d’un immeuble voisin est sollicitée par la narratrice, écrivaine comme son mari, pour entretenir son appartement. Dotée d’un physique robuste et d’une capacité de travail hors du commun, elle a également un caractère extrêmement fort et c’est elle qui dicte ses conditions de travail et ses horaires. En résulte une relation complètement atypique, où elle entre et sort de l’appartement selon son envie, s’immisçant dans leur intimité et créant une relation de dépendance affective de la narratrice. En revanche il reste impossible pour la narratrice comme pour toute autre personne d’entrer, de pousser la porte, de son logement, Emerence verrouillant soigneusement sa vie privée. Pourtant son passé difficile se révèle peu à peu par bribes et par des conversations faites sur un ton neutre mais évoquant des épisodes dramatiques.
Du sang sur la toile – Miyuki Miyabe
Trois jours après l’assassinat par strangulation d’Imai Naoko, une étudiante de vingt et un ans, , on retrouve le corps lardé de coups de couteau de Tokoroda Ryôsuke, la cinquantaine, il était marié et père d’une jeune fille Kazumi. L’équipe de policiersse rassemble dans des locaux peu pratiques et commence l’enquête qui s’oriente vers la recherche d’un lien entre les deux victimes. L’enquête prend une nouvelle tournure quand les policiers, en exploitant l’ordinateur familial des Tokoroda, découvrent que le père de famille s’était créé sur internet, une famille – un garçon, une fille et une femme ! Pour en savoir plus et démêler le réel du virtuel, les enfants virtuels sont convoqués comme témoins et Kazumi, la fille réelle, assiste aux interrogatoires dans la salle voisine, munie d’une glace sans tain.
Cette enquête qui reste lente, c’est plus une réflexion sociologique qui donne un éclairage sur la société japonaise en révélant le malaise des individus, nombreux à souffrir de solitude, et se réfugiant dans le virtuel.
L’intrigue se tient et bénéficie d’un coup de théâtre final surprenant.