Qui dit rentrée, dit prix littéraires et la littérature jeunesse ne déroge pas à la règle.
Si les gagnants ne seront connus qu’à la fin de l’année scolaire, nous sommes impatients et toujours ravis de découvrir les pépites de chaque sélection. Versele, Farniente, Petite fureur… des livres pour tous les âges, tous les goûts..et toutes les émotions!
Prix Farniente
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15+ (Chameau)
“Si loin de l’arbre” de Robin Benway – Nathan (2019)
?Grace, 16 ans, a passé une année difficile au lycée. Elle est tombée enceinte, a donné naissance à sa fille le jour du bal de promo et l’a faite adopter. Elle-même adoptée, elle décide de retrouver sa mère biologique. Mais ce qu’elle va trouver, ce sont un frère et une sœur, avec chacun ses secrets et son histoire.
Ces trois adolescents dont les vies se retrouvent entremêlées tissent un portrait remarquable de la famille sous toutes ses formes, qui va bien au-delà des liens du sang.
”Par le feu” de Will Hill – Casterman (2019)
Avant, elle vivait derrière la clôture. Elle n’avait pas le droit de quitter la Base. Ni de parler à qui que ce soit. Parce que Père John contrôlait tout et qu’il établissait des règles. Lui désobéir pouvait avoir des conséquences terribles. Puis il y a eu les mensonges de Père John. Puis il y a eu le feu…
“Félines” de Stéphane Servant – Rouergue (2019)
Personne ne sait exactement comment ça a commencé. Ni où ni quand d’ailleurs. Louise pas plus que les autres. Ce qui est sûr, c’est quand les premiers cas sont apparus, personne n’était prêt et ça a été la panique. Des adolescentes qui changeaient d’un coup. Des filles dont la peau se recouvrait de… dont les sens étaient plus… et les capacités… Inimaginable… Cela n’a pas plu à tout le monde. Oh non ! C’est alors qu’elles ont dû se révolter, être des Félines fières et ne rien lâcher !
“La proie : oh freedom” de Philippe Arnaud – Sarbacane (2019)
Anthéa sent si souvent qu’il faudrait fuir. Fuir les manoeuvres des garçons que sa beauté fascine. Fuir les humiliations de l’école, la violence des adultes. Et ce couple de Blancs qui veut l’emmener avec elle en France, si loin du Cameroun… sont-ils vraiment la chance qu’imaginent ses parents ? En vérité, Anthéa ne demandait rien d’autre que vivre chez elle, dans son pays. Travailler la terre, conter aux enfants les histoires de son village, rire avec Diane du monde des adultes. Quand l’étau se resserre, il ne lui reste plus pour l’aider à survivre – et à se battre – qu’une ombre familière dans ses rêves. Et le souvenir d’un garçon qui l’aimait.
“Homme noir sur fond blanc” de Xavier Deutsch – Mijade (2019)
Le pays de Brahim Abdelgadir est le Soudan : un beau pays‚ mais devenu très dur. Beaucoup trop dur. De la même façon que des milliers d’autres garçons‚ Brahim est obligé de fuir et de prendre la route. Son père le dit : « Il faut que tu partes‚ que tu te sauves : en Angleterre existe le salut. »
Brahim s’en va. Il rencontre toutes les épreuves qu’on peut imaginer : le désert brûlant‚ la barbarie des pirates libyens‚ la mer hostile et redoutable‚ puis l’Europe…
+13ans (Dromadaire)
“Et la Lune, là-haut” de Muriel Zürcher – Thierry Magnier (2019)
Alistair a 22 ans et sa mère lui a toujours défendu de sortir de chez eux. Trop dangereux. Pourtant, Alistair est bien décidé à vivre son rêve : aller sur la Lune. Mais comment faire, quand on n’a parlé à personne d’autre qu’à sa mère et qu’on n’est jamais allé plus loin que le pas de la porte de son appartement ?
“Keep Hope” de Nathalie Bernard et Frédéric Portalet – Thierry Magnier (2019)
Deux ans que Valérie Lavigne a quitté son poste au sein de la police de Montréal. Trop de pression, trop de souvenirs douloureux. Jusqu’à ce qu’un soir, à une station-service, elle croise le regard d’une jeune fille. Un regard qu’elle est persuadée d’avoir déjà croisé quelque part. Et si ce regard était celui d’un de ces avis de disparition qu’elle étudiait sans relâche dans son ancienne vie ?
“Engrenages et sortilèges” d’Adrien Tomas – Rageot (2019)
Grise et Cyrus sont deux élèves qui vont à la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre. Une bonne nuit, l’apprentie mécanicienne et le jeune mage échappent de justesse à un enlèvement persécutif. Alors qu’ils se détestent entre eux, ils doivent malgré tout fuir ensemble et chercher un refuge dans les Rets, un très sinistre quartier aux mains des voleurs et des assassins. S’ils veulent survivre, les deux adolescents n’ont aucun d’autre choix que de faire alliance…
“Journal d’un amnésique” de Nathalie Somers – Didier jeunesse (2019)
À 15 ans, le quotidien de Romain se transforme en film catastrophe. Il est incapable de reconnaître ses parents ni même son reflet dans une glace… le voilà amnésique, au secours ! Il décide de compiler chaque épisode de sa nouvelle vie dans un journal, et de se lancer dans une (en)quête d’identité. Entre ses parents cachottiers, l’éblouissante Morgane, l’énigmatique Adeline, le populaire Elias et sa bande calamiteuse, il est vite perdu… Perdu mais pas fichu, car l’un ou l’une d’entre eux pourrait bien l’aider d’une manière inattendue… Et si ce nouveau départ lui permettait enfin de vivre sa vie ?
“Autour de Jupiter” de Gary D. Schmidt – Bayard (2019)
Jack rencontre Joseph, son nouveau frère adoptif. Il sait déjà trois choses sur lui : Joseph a presque tué une femme. Il a été enfermé en rééducation à Stone Mountain, un centre de réeducation. Il a une fille, Jupiter. Ce que Jack ne sait pas, c’est à quel point Joseph est désespéré de retrouver sa petite fille.
Versele
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Maggy rayet IN : https://www.laligue.be/leligueur/articles/prix-bernard-versele-2021-decouvrez-les-25-titres-de-la-selection
Une chouette (dès 3 ans)
“On y va papa !” de Praline Gay-Para et Rémi Saillard – Didier Jeunesse
Jo Junior est très en colère parce qu’il en a assez d’attendre que son père soit enfin prêt pour partir à la pêche. Jo Junior en a tellement assez d’attendre qu’il est prêt à disparaître dans la cacahuète oubliée devant sa porte. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais la cacahuète est avalée par une poule. Et la poule est avalée par un renard. Et le renard est avalé par un loup. Et le loup…Mais où donc se terminera cette randonnée gourmande dans laquelle Jo Junior est embarqué bien malgré lui ? Vous donnez votre langue au chat ? Vous ne croyez pas si bien dire… Humour et malice sont au rendez-vous de cette histoire tirée d’un conte d’origine congolaise.
“Brille encore, soleil d’or” raconté par Véronique Massenot, d’après une idée originale de Guo Zhenyuan et Zhu Chengliang – HongFei
Observer le lever du soleil, guetter son retour de derrière les nuages et, surtout, l’empêcher de sombrer, le retenir à tout prix, voire même le remonter et le faire rebondir, c’est ce que tentent de faire oiseaux, pandas, chat, kangourou, écureuils et j’en passe. Mais puisqu’il s’obstine à s’enfoncer dans la terre, pourquoi ne pas creuser le sol ? Peine perdue et tout le monde finit par s’endormir. Est-ce que l’astre d’or sera de retour le lendemain ? Oui, et le coq l’aperçoit en premier. Et il le crie bien fort.
Cette histoire va fasciner les petit·e·s. Mais sûr que les grand·e·s ne se feront pas prier pour la leur raconter.
“Moi, j’ai peur du loup” d’Émilie Vast – MeMo
Est-ce qu’il est nécessaire et suffisant de crier, d’avoir de grandes dents, de grands yeux, une grande queue, de grandes oreilles, de grandes griffes, un museau pointu et un poil noir et hirsute pour faire un loup ? Sur le fond noir des pages, deux lapins conversent au milieu des fleurs, des feuilles et des branches, chères à Émilie Vast. L’un dit qu’il a peur du loup. L’autre veut en savoir davantage, interroge et rectifie ici ou là. Le résultat est inattendu. Comme quoi, il est toujours utile de mettre les choses au point. Et lorsque l’humour s’en mêle, c’est encore mieux.
“Pablo” de Rascal – Pastel
On vous a sûrement dit, un jour, qu’il était temps de sortir de votre coquille. Gardez-vous le souvenir de ce moment crucial ? Sortir de sa coquille, c’est la décision que vient de prendre Pablo. Il se sent à l’abri dans son œuf noir, au milieu de la page blanche. Il a sûrement un peu peur de mettre une patte dehors. Mais il a tout de même fort envie de découvrir le monde. Donc, petit trou après petit trou, pour voir, écouter, humer et voler aussi, le voici prêt à prendre le large.
Un album cartonné, avec juste ce qu’il faut de mots et de détails. À lire ensemble à haute voix.
“Dans l’œuf” d’Emma Lidia Squillari – Seuil Jeunesse
Il faut vous dire, tout d’abord, que dans cette histoire délicieusement cruelle, il n’y a pas qu’un seul œuf. Ils sont une douzaine, tous prêts à éclore. Vous rappeler aussi qu’il n’y a pas que les oiseaux qui naissent dans des œufs. Vous pourrez même vous amuser à nommer tous les animaux qui trouvent place sur la page après s’être extirpés de leurs écailles.
Parmi eux, voici le python. Pas le plus volumineux au départ, mais déjà la langue bien pendue et un énorme appétit. À tel point qu’au fur et à mesure que le temps passe, lui qui était svelte, occupe de plus en plus d’espace. Quant aux autres, ils sont de moins en moins nombreux à sourire à la vie. Mais gare à toi, Python ! Ne dit-on pas que qui est pris qui croyait prendre ?
2 chouettes (Dès 5 ans)
“Le jardin d’Evan” de Brian Lies – Albin Michel Jeunesse
Le titre de cet album exceptionnel est particulièrement bien choisi. Car plus qu’un décor, le jardin est ici un élément central, reflet des humeurs des protagonistes de l’histoire. Tout en rondeurs et en luxuriance dans le bonheur. Tout en épines et en nuances glauques dans l’amertume.
Quand son chien meurt, la tristesse d’Evan est si grande qu’il saccage le jardin dont tous deux s’occupaient. Il laisse pousser ce qu’on appelle les mauvaises herbes et finit même par en prendre soin. C’est un plan de citrouille infiltré du dehors qui l’aidera à renouer avec la vie. Jusque dans les moindres détails, tout fait sens dans cet album où il arrive que les mots se taisent pour laisser toute la place aux images.
“Le repaire” d’Emma Adbåge – Cambourakis
D’accord, la cour de récréation est un lieu appréciable au sein de l’école. On peut y comploter, jouer aux billes, danser à la corde, dessiner une marelle. Dans le meilleur des cas, on peut même y frapper un ballon. Mais, imaginez, juste à côté de la cour de récréation, une sorte de terrain sauvage, un « repaire », avec des montées et des descentes, des graviers et des pierres, des branches et des racines. Là on peut jouer à tout ce qu’on veut. Les enfants adorent. Les adultes rarement. C’est d’un tel paradis – dont, quel que soit votre âge, vous conservez sûrement le souvenir – dont parle cet album qui nous vient du nord de l’Europe.
“Le bon côté du mur” de Jon Agee – Gallimard jeunesse
Nous, les lecteurs et lectrices, sommes aux premières loges : page de gauche, page de droite et juste à la pliure du livre, un mur de brique. Le titre original – l’album nous vient de Grande-Bretagne – évoque simplement un mur au milieu du livre. La version française prend parti. Elle se range à l’avis du mini-chevalier un peu benêt, persuadé qu’il est du bon côté du mur.
Mais, distrait ou myope, ce mini-chevalier reste ignorant de ce qui se passe tant d’un côté que de l’autre. Perché sur son échelle, il ne voit pas que l’eau monte à ses pieds et que les gros poissons y dévorent les plus petits. Il ne voit pas que de l’autre côté, les grosses bêtes curieuses sont débonnaires et que même une souris les fait fuir. Quant à l’ogre de la couverture… eh bien, heureusement qu’il était là. Lisez l’album, vous comprendrez pourquoi.
“La maison de brique” de Paula Scher et Stan Mack – La joie de lire
Une solide bâtisse à deux étages et six appartements. Il n’est pas inutile de préciser que l’hiver approche, car l’un des appartements est occupé par une famille d’ours. Or, les ours hibernent, ce qui n’est le cas ni de la famille kangourou, ni de la famille cochon, ni de la famille souris, et encore moins de mademoiselle Chat. Pour tout ce petit monde, la vie continue. Et la vie est parfois bruyante. Et le bruit empêche les ours de dormir.
Heureusement, la maison de brique a un propriétaire en la personne de monsieur Hibou, une espèce qui en connaît un bout en matière de silence nocturne. Il va s’en suivre une succession de permutations, un peu comme dans un jeu de taquin. De déménagement en déménagement, la maison de brique retrouvera-t-elle sa tranquillité avant les frimas ?
“Classe de Lune” de John Hare – Pastel
Publié pour fêter le cinquantième anniversaire des premiers pas des humains sur notre satellite, voici un « tout images ». Autrement dit, un album sans texte qui pourtant raconte mille et mille choses. Classe de Lune nous projette dans un temps où les voyages scolaires sur notre satellite sont devenus monnaie courante.
Dans un groupe classe en promenade, il y a toujours un rêveur ou une rêveuse, qui reste à l’arrière, qui observe ce que les autres ne voient pas et qui risque de se faire oublier. C’est ce qui arrive ici à un enfant cosmonaute, accroché à ses marqueurs et à son bloc de dessins. Il (elle ?) a fini par s’endormir derrière une dune lunaire. Et quand il (elle ?) se réveille, le vaisseau est parti. L’occasion de faire connaissance avec les discrets habitants de cette lune de fantaisie : ils sont gris comme le sol dont ils émergent et particulièrement ravis de découvrir la couleur des marqueurs.
3 chouettes (dès 7 ans)
“Une échappée de Bartok Biloba” de Lolita Séchan – Actes Sud BD
Pour Bartok Biloba, une jeune taupe le plus souvent confinée sous terre, quel bonheur de se laisser aller dans le courant de la rivière, de faire des rencontres inattendues pour rire, bavarder et aussi avoir un peu peur, de parcourir les espaces interdits de la grande vallée. Qu’il est délicieux ensuite de rentrer à la maison par les voies souterraines en observant sans être vu. Et quel soulagement (pour lui et pour le lecteur/la lectrice) de ne connaître au retour que la joie des retrouvailles sans aucun discours sur les dangers du monde et le respect des règles.
Tout est léger dans cette échappée. À commencer par les illustrations au trait fin, les dialogues et les onomatopées qui se glissent dans le récit. Mais chaussez vos lunettes si – comme la famille taupe – vous n’avez pas une bonne vue. Car vous risqueriez de ne pas apercevoir le minuscule hérisson conteur et un peu mêle tout, qui donne avis et conseils et dont l’humour imprègne toutes les pages.
“Le fabuleux désastre d’Harold Snipperpott” de Beatrice Allemagna – Albin Michel Jeunesse
Le titre interpelle : « fabuleux » et « désastre » ne sont-ils pas des mots qui s’opposent ? Oui et non. Lisez cet album à la fois cocasse et tendre. Vous constaterez que pour Harold et ses parents, le désastre sera suivi d’un après fabuleux.
Avant, la vie est morne pour Harold, 7 ans, doté de parents un rien grincheux. Mais voici que pour la première fois son anniversaire est fêté. Surprise pour tout le monde : une foule d’animaux, de toutes tailles, de toutes formes et de toutes couleurs envahit la maison. Tous sont joyeux, bienveillants… mais pas très soigneux. Et surtout tous sont bien décidés à faire la fête. Bref, la maison en sort complètement ravagée et les parents enfermés dans un coffre. Voilà pour le désastre. Le fabuleux… vous le découvrirez dans l’album. Harold vous dira lui-même que « des choses extraordinaires peuvent naître d’une catastrophe ».
“Taupe & Mulot. Les beaux jours” d’Henri Meunier et Benjamin Chaud – Hélium
En regardant vivre Taupe et Mulot, on ne peut s’empêcher de songer à Ranelot et Bufolet, les célébrissimes batraciens imaginés par Arnold Lobel. Comme eux, ils partagent leurs journées avec appétit et posent sur le monde un regard bienveillant. Mulot prête ses yeux à Taupe. Taupe conseille Mulot de manière avisée. Cela donne, par exemple, des tableaux exposés à l’envers après une séance de peinture en plein air, une partie de pêche où il est davantage question de bottes que de poissons et une cérémonie de fiançailles où l’on constate une fois de plus que l’amour est aveugle.
“Les aoûtiens” d’Olivier Douzou et Frédérique Bertrand – Rouergue
Pour Olivier Douzou, « dans un livre pour enfants, il y a peut-être mille lectures possibles ». Tout porte à croire que sa complice Frédérique Bertrand est d’accord avec lui. Gardons ces mots en tête en ouvrant Les aoûtiens. Réel, imaginaire et fantaisie s’y conjuguent. Du titre à la 4e de couverture, l’humour y est omniprésent. On nous dit que le grand-père de Pierre a été maçon, mais qu’ensuite – à la retraite ? -, il a décidé de faire un grand potager. Mais on ne se débarrasse pas aisément d’un passé rempli de briques et de maisons. Le labyrinthe de murs en briques rouges au sein duquel se déroule l’histoire en est un indice. L’alignement des petites maisons-cloches protégeant les courgettes, un autre. Ainsi que la variété de tomates-maison, sur la peau desquelles apparaît un curieux motif, et qui finissent par être habitées.
Le petit Pierre, les yeux grands ouverts, est attentif à tout ce qui l’entoure. Le grand-père, quant à lui, multiplie les clichés sentencieux et pérore sur l’importance de l’observation, mais ne capte rien de ce qui se trame. Même pas le débarquement de ces extraterrestres qui enlèvent la vache Geneviève, plongent progressivement la scène dans l’obscurité, et s’attaquent aux mots du livre. Est-ce d’étonnement que des animaux de la ferme en marchent sur deux pattes ? Vous avez deviné que ces envahisseurs sont les aoûtiens du titre : courgettes et tomates mûrissent au mois d’août, pas au mois de mars.
“Coyote et le chant des larmes” de Muriel Bloch et Marie Novion – Seuil Jeunesse
Pour écrire cette étonnante histoire, Muriel Bloch s’est inspirée d’un conte amérindien (là-bas, Coyote est aussi célèbre que Loup chez nous.) Un jour, Coyote entend un chant qui l’émerveille. En réalité, ce sont les gémissements d’une colombe qui s’est blessée en ramassant des graines. Mais Coyote n’en démord pas. Peut-être n’a-t-il pas tort : dans la liste des cris d’oiseaux, ne dit-on pas que la colombe roucoule et gémit ?
Bref, cette « mélodie », il veut l’apprendre et décide de l’emporter. Mais à chaque essai, l’air finit par s’échapper. Coyote a peut-être l’oreille musicale, mais il n’a guère de mémoire. Colombe, quant à elle, devant le harcèlement et les menaces, commence à craindre le pire. Heureusement que cette oiselle ne manque pas d’esprit et qu’à la fin, d’une certaine manière, Coyote trouve plus fort que lui !
4 chouettes (dès 9 ans)
“D’ici, je vois la mer” de Joanne Schwartz et Sydney Smith – Didier Jeunesse
Une ville minière canadienne. C’est l’été. Un jeune garçon raconte sa journée, les jeux avec les copains, une course chez l’épicier, une visite au cimetière où est enterré son grand-père. Et aussi cet océan Atlantique omniprésent, la première chose qu’il voit en se levant.
Or, sous cette mer, il y a la mine de charbon. C’est là où travaille son père, où a travaillé son grand-père et où, peut-être plus tard, il travaillera lui aussi. Cet album si bien traduit par Michèle Moreau pourrait être accompagné, en bande-son, d’une de ces chansons de travail dont le refrain ramènerait de façon lancinante à ces mineurs trimant dans l’obscurité.
Joanne Schwartz, qui connaît bien les lieux pour y avoir passé son enfance, précise que cette histoire se déroule dans les années cinquante. On pourrait en déduire que rien n’y est encore d’actualité. Ce serait une erreur. Aujourd’hui encore, il reste des mines de charbon en activité dans la région de Cap-Breton.
« Mon frère et moi” de Yves Nadon et Jean Claverie – Gallimard Jeunesse
C’est l’été. Deux enfants – deux frères – retrouvent leur lieu de vacances, au bord d’un lac. Comme chaque année, l’aîné plonge hardiment d’un imposant rocher. Comme chaque année, le cadet l’encourage et l’admire, mais n’ose l’imiter. Sauf que cette fois, l’aîné lui fait remarquer qu’à présent, il est grand. Il doit sauter lui aussi.
C’est ce premier grand saut, ce moment crucial dans la vie des deux frères, que raconte l’album. L’enfant va grimper comme un chat jusqu’en haut du rocher, se lancer dans le vide comme un oiseau et se débrouiller dans l’eau comme un poisson. Mais que de sentiments et d’états d’âme vont accompagner cet exploit.
Pour les adeptes de mots clés, il y aurait l’embarras du choix : refus, anxiété, hésitation, décision, audace, soulagement, fierté… Et aussi amitié, admiration, fratrie… Il faut souligner la simplicité poétique du texte et la beauté expressive des pastels. Sans le talent conjugué de deux créateurs exceptionnels, cet album exemplaire aurait peut-être glissé dans l’édifiant.
“Hamaika et le poisson” de Pierre Zapolarrua et Anastasia Parrotto – MeMo
Hamaika, une petite poule en quête de savoir et de découvertes, fait la connaissance d’un poisson voyageur et déjà fort savant. La rencontre a lieu en terrain neutre, dans une flaque peu profonde du bord de mer. Ils se revoient, se lient d’amitié et se mettent bientôt en tête de partager cette expérience avec leurs congénères. « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’on fait », comme disait Mark Twain. Eh oui, ils l’ont fait. Mais ce fut un fiasco, car les poules n’ont rien à cirer d’un poisson. De même qu’un gallinacé ne présente guère d’intérêt pour un banc de sardines.
Ne soyez pas déçus, car l’histoire n’est pas finie. Ce n’est pas toujours le cas dans la vie, mais, ici, dans ce roman joyeusement illustré, ouverture d’esprit et fantaisie finiront par avoir le dessus.
“La face cachée du prince charmant” de Guillaume Guéraud et Henri Meunier – Rouergue
Au regard d’un tel titre – et sous la signature de Guillaume Guéraud -, on pourrait s’attendre à un conte subversif, imaginant un prince d’apparence aimable, mais capable en réalité de commettre les pires turpitudes. Il n’en est rien. Dans son texte, notre auteur pare le jeune homme de beaucoup de qualités. Mais – car il y a un mais -, il s’empare ensuite d’un feutre noir pour supprimer certaines lettres et certains mots. Vous devinez qu’un quel « caviardage » modifie grandement le sens de l’histoire. D’autant plus que les illustrations d’Henri Meunier suivent le mouvement avec une fausse bonhomie.
Le prince charmant n’en devient pas un horrible dictateur pour autant. Non, à la fin, il se retrouve juste « comme toi et moi »…
“Nous avons rendez-vous” de Marie Dorléans – Seuil Jeunesse
L’autrice dédie cet album grand format à son père, « marcheur infatigable ». Dans le bleu nuit des pages, on se faufile sans peine à la suite de cette famille – père, mère, garçon et fille – qui quitte la maison, traverse à la queue leu leu le jardin avant de cheminer dans les rues désertes du village. La voici qui marche sur la grand-route, bifurque dans la forêt, et escalade une colline pierreuse après s’être reposée un temps près d’un lac.
C’est la nuit, mais chaque page de l’album offre une source de lumière – lampes de chevet du réveil, lampe de poche, fenêtres éclairées et surtout clarté des étoiles. On imagine les chuchotements, les cris des oiseaux, le chant des sauterelles, le bruit des essieux d’un train, le bruissement des feuilles, le craquement des branches mortes, le coassement des grenouilles. On a même l’impression de respirer le parfum des iris et des chèvrefeuilles, de l’herbe sèche, de la mousse, des écorces…
Depuis le titre, nous savons que la famille a rendez-vous. Mais avec qui ? Si vous n’avez pas deviné, guettez cette dernière page où vient d’apparaître à l’est, au-dessus des crêtes, un halo jaune doré.
5 chouettes (dès 11 ans)
“Bienvenue” de Raphaële Frier et Laurent Corvaisier – À pas de loups
Bienvenue, quel joli nom pour une maison. Au début, elle était entourée d’un jardin que l’autoroute a fini par manger. Les propriétaires ont déménagé. Et, longtemps, la maison est restée vide. Mais ce n’est pas parce qu’une maison est vide qu’on laisse s’y installer des gens qui cherchent un toit. Même quand cette maison se nomme Bienvenue.
L’histoire est racontée par une jeune voisine. Et se termine sur une note d’espoir. La recherche d’un logement quand on n’a plus de chez-soi est un sujet essentiel par les temps qui courent. Mais y consacrer un livre destiné à de jeunes enfants ne conduit pas nécessairement à un bon album. Ici, pas d’émotion factice, pas de paroles sentencieuses, pas de discours fabriqué. Par contre, un énorme talent dans les mots et les illustrations. Bienvenue est une réussite !
“Foot et radeaux à gogo” de Maria Parr – Thierry Magnier
« Notre porte d’entrée a claqué, faisant trembler toute la maison, et un vacarme effarant et des cris n’ont pas tardé à suivre ». Ces premières lignes du roman laissent bien augurer de son rythme. Et la suite tient ses promesses. Ce qui n’est guère étonnant pour celles et ceux qui ont lu les œuvres précédentes de l’autrice norvégienne.
On retrouve ici les inséparables Trille et Léna, dont on avait fait la connaissance dans Cascades et gaufres à gogo. Ils sont à présent un peu plus âgés ce qui élargit le lectorat aux préados. Mais la jeune Léna est toujours prête à relever tous les défis et à se lancer dans toutes les bêtises. Trille est plus que jamais enclin à la suivre ou même parfois à la devancer. Et en plus, voici que débarque Brigitte, une jeune Hollandaise installée avec sa famille non loin de chez eux.
Autour de ce trio, les personnages adultes – de la famille, de l’école, du monde du foot – sont tout aussi bien campés. Avec Maria Parr, l’esprit d’Astrid Lindgren et de sa Fifi Brindacier n’est vraiment pas loin.
“Le Trésor de Barracuda” de Llanos Campos et Nicolas Pitz – l’école des loisirs
La couverture nous met au parfum. Voici une histoire de pirates pour du vrai, avec jambe de bois, cache-œil, trésor et gros mots. Une histoire à nulle autre pareille. Tout d’abord parce que le roman semble commencer par la fin : dès les premières pages, l’équipage de La Croix du Sud repère l’île Kopra que Barracuda recherchait depuis une dizaine d’années.
Barracuda ? Un capitaine pirate craint dans toutes les mers du monde, y compris par les autres pirates. La Croix du Sud est son navire. Et c’est sur Kopra qu’est enfoui un coffre censé contenir le trésor de Phineas Crane, le plus célèbre pirate des mers du Sud. Seul souci, à l’ouverture du coffre, en lieu et place de l’or et des bijoux convoités, les marins ne trouvent… qu’un livre.
Mais, rassurez-vous, ce n’est pas la fin de l’histoire. Car un des marins sait lire. Un petit peu. Il va arriver à déchiffrer le livre. Petit à petit. Et l’aventure de commencer pour de bon. Car bien entendu le livre contient des renseignements précieux sur l’endroit où Crane a enfoui son trésor. Et, du coup, tout l’équipage, y compris le capitaine, va vouloir apprendre à lire.
“La chanson perdue de Lola Pearl : Hopper” de Davide Cali et Ronan Badel – l’élan vert
Parmi ses pistes éditoriales, la maison d’édition l’élan vert s’efforce de parler d’art aux enfants, en y introduisant la fiction selon un concept original : un auteur et un illustrateur unissent leurs talents pour transporter le lecteur dans une aventure, avant de lui faire découvrir qu’il est entré dans un tableau.
Dans ce cas-ci – l’artiste cible étant le peintre américain Edward Hopper, né en 1882 et mort en 1967 -, la réussite est évidente. Interrogé à propos de son choix du polar pour accrocher les lecteurs, Davide Cali répond : « Pour moi, dans les tableaux de Hopper plane un air de polar. Dès qu’on regarde un de ses paysages, on se retrouve immédiatement dans un roman de Raymond Chandler. Je ne l’ai pas fait exprès, je me suis laissé guider par mon instinct ».
Le résultat : une histoire de détective amateur chargé de retrouver la vraie identité d’une certaine Lola Pearl. Discrètement, les croquis inspirés de Ronan Badel créent des liens entre les reproductions de quelques œuvres célèbres du peintre américain. L’album cartonné prend la forme d’un carnet d’artiste.
“Un été d’enfer !” de Vera Brosgol – Rue de Sèvres
Même si Vera Brosgol n’avait que 4 ans lorsque sa famille émigra vers les États-Unis, son œuvre reste habitée par la Russie, son pays d’origine. Ce n’est donc pas un hasard si la jeune héroïne d’Un été en enfer porte le même prénom que l’autrice.
Vera n’arrive pas à s’intégrer dans la petite ville américaine où elle a débarqué avec sa maman. Sans doute est-elle trop russe et pas assez riche. Comme l’été approche, elle rêve de partir en stage comme les autres filles de sa classe. Et voici qu’elle apprend – l’Église russe orthodoxe semble très active dans le coin – que des séjours de vacances sont organisés à l’attention des enfants venant de Russie. C’est parti pour le fameux été d’enfer !
Ce qui nous est raconté est tour à tour révoltant, drôle ou émouvant. Mais quiconque a fréquenté, une fois dans sa vie, une colonie de vacances, y retrouvera des moments vécus et finement observés. Le récit – 250 pages de BD pour petit·e·s et grand·e·s – est passé au filtre d’une unique couleur verte. Non pas le vert vivifiant de nos belles forêts de sapins et de feuillus. Mais un vert olive un peu glauque, tellement en accord avec les avatars de la petite Véra.
Petite Fureur
3-5 ans
“En 4 temps” de Bernadette Gervais – Albin Michel (2020)
Bernadette Gervais découpe le temps en quatre moments et décompose ainsi mouvements, transformations et métamorphoses.
Si, dans certaines séquences, quelques secondes seulement séparent la première de la dernière image, dans d’autres, ce sont des heures ou des années. Le lièvre fait si vite son chemin qu’on le voit à peine traverser les cases, mais il faut plusieurs jours au coquelicot pour bourgeonner, fleurir et flétrir, et toute une année pour voir les quatre saisons transformer le paysage autour de la maison.
“Les koalas ne lisent pas de livres” d’Anne Herbauts – Esperluète (2018)
Un album en deux temps où l’on entre dans l’intimité familiale des koalas et des grizzlis. Parent et enfant se retrouvent autour des moments et des activités de tous les jours : un jeu, un repas, un bain et au bout de la journée, une histoire… Le grand koala aimerait tant lire un livre, mais c’est sans compter sur l’imagination du petit koala, toujours en recherche de son attention. Le grand grizzli aimerait tant se reposer, c’est oublier l’énergie infatigable du petit grizzli. Pourtant, même si l’aspiration des uns n’est pas celle des autres, ils se retrouvent toujours. Deux lectures qui s’équilibrent et se répondent pour raconter la parentalité d’aujourd’hui. Koalas et Grizzlis sont empreints d’une belle humanité et nous offrent une histoire pleine de tendresse et de vitalité.
“La bonne place” de Françoise Rogier et Clémence Sabbagh – À pas de loups (2019)
Eliza va assister à un grand spectacle. On lui a dit qu’il était « fabuleux », « épatant » et même « jubilatoire » ! Dans la salle de théâtre, elle cherche sa place. Pas forcément la meilleure place, mais une place où elle est à l’aise. C’est ça l’important. Le spectacle va bientôt commencer ! Vite, vite, elle essaye tous les sièges — grands, petits, moelleux, durs… mais aucun ne lui va. Trouvera-t-elle enfin la bonne place ? Un album malicieux sur la formation des identités et l’intégration à la société.
6-8 ans
“La ballade de Lino” de Mathilde Brosset – Versant sud (2020)
Lino est un voyageur. De village en village, il joue de la guitare et chante sa chanson en échange de quelques pièces ou d’un repas chaud. Mais que ce soit chez les poissons, les moutons, les hérons ou les caméléons, tous regardent d’un œil noir ce vagabond, cet étranger qui ne leur ressemble pas.
Pourtant, où qu’il aille, Lino se trouve un nouveau compagnon. D’un village perché dans les marais à une ville nichée au cœur d’une prairie ou en plein milieu de la jungle, ils se joignent à Lino et prennent la route avec lui, formant une troupe qui s’agrandira encore au fil du temps.
“Les îles : Le Pays des Chintiens” d’Anne Brouillard – Pastel, l’école des loisirs (2019)
Après une aventure à travers la Grande Forêt, Killiok et ses amis embarquent à bord d’un bateau de croisière pour assister au spectacle de Vari Tchésou, le magicien rouge. Bien vite, ils découvrent que les Nuisibles se sont mêlés aux passagers et que des bébés Mousse se sont introduits clandestinement. Ce voyage ne sera donc pas de tout repos et les conduira dans les abysses du Pays Noyé et sur le sol du Pays Comici.
“Poppeup !” de Benoît Jacques – Benoît Jacques Books (2019)
Poppeup c’est l’homme de papier qui dit qu’il peut le faire, qu’il veut le faire, qu’il va le faire… qu’il va sauter hors du livre. Littéralement.
Mais en est-il réellement capable?
9-11 ans
“La brodeuse d’histoires” de Martina Aranda – CotCotCot (2019)
— Entre, ma chérie, je t’attendais?! Je m’appelle Lucia.
— Je ne veux pas vous déranger…
— Me déranger?? Mais non, pas du tout?! Tu arrives juste à temps pour écouter une histoire.
?Une petite-fille, férue de lecture, fait la connaissance de sa nouvelle voisine du RDC, une dame qui aime broder les histoires au rythme de son aiguille…
“La grande métamorphose de Théo” de Geoffrey Delinte et Marzena Sowa – La Pastèque (2020)
Alors que Théo se demande ce que cela ferait d’être un oiseau, le voilà qui se retrouve tout-à-coup métamorphosé en moineau. Et il n’est pas le seul : à l’école, il remarque qu’une fille, Louise, est devenue un moustique ; et qu’un garçon, Michel, s’est changé en lion. Les autres ne semblent pas s’apercevoir de leur nouvelle apparence, ni leurs professeurs ni leurs parents, mais eux peuvent désormais voir tous les gens qui ont subi la même transformation. De nouveaux liens d’amitié se créent, et ensemble, ils vont chercher à découvrir comment cette métamorphose est arrivée, et comment faire rentrer les choses dans l’ordre. Si toutefois cela est possible…
?
“Tom” de Stéphanie Mangez – Lansman éditeur Émile & Cie (2019)
« La vie, ça ne démarre pas toujours sur les chapeaux de roues d’une grosse cylindrée et il vaut mieux le savoir tout de suite. » Tom, au moment de devenir père, ne peut oublier cette phrase : il est bien placé pour savoir combien la vie peut être difficile quand on n’a pas la chance de passer son enfance dans une famille unie. Après avoir été placé en institution dès sa naissance, il débarque dans une famille d’accueil. Achille, son nouveau frère, le bombarde de questions sur son passé. Les parents multiplient les tentatives touchantes et maladroites pour comprendre ce garçon taiseux et établir une communication…
Tom, tiraillé entre ces différentes réalités, sera contraint d’affronter son passé pour pouvoir avancer.
12-13 ans
“Poèmes de roches et de brumes” de Carl Norac et Arno Célérier – Le port a jauni (2018)
“En oiseau curieux ou garc?on trop grand, je suis entré dans ces paysages secrets aux couleurs voyageuses, en pensant que les roches et les brumes nous parlent et qu’il faut seulement savoir les écouter.” Ainsi commencent les Poèmes de roches et de brumes où matières brutes et volutes se frottent, se frôlent et se me?lent dans les poèmes de Carl Norac et les illustrations d’Arno Célérier, entre masses de papiers découpés et brumes de dentelles ajourées.
“Je suis un ours !” / Jérôme Eeckhout – Alice (2019)
Un mage qui transforme les visages, une quête de justice parsemée de surnaturel, des amitiés très improbables… quelques ingrédients d’un roman intriguant et captivant.
Le prisonnier 5446 a purgé sa peine, il va sortir du Bagne des Ombres. Il a une quête bien précise en tête, à entamer dès sa libération. Mais pour cela, il lui faut un nouveau visage, car les prisonniers de Villecyne-la-Grande deviennent des sans visages dès leur incarcération. Un autre prisonnier lui a renseigné un mage capable de l’aider…
“D’ailleurs” d’Alain Munoz – Vide-Cocagne (2017)
Antonio est un chasseur, un ramasseur de champignons. Un jour, il prend prétexte d’un devoir d’école pour raconter son enfance à son petit-neveu. Il se souvient de la guerre d’Espagne, du terrible Général Franco, des bombes et des raids aériens, de la peur et surtout de l’exil. C’est l’époque de l’exode forcé de milliers d’Espagnols qui fuient le fascisme vers la France, mais qui – comme toute cette génération – n’a jamais pu considérer ce pays autrement que comme une « cachette », les Pyrénées comme une sorte de « talus derrière lesquels ont se blottit pour que le grand méchant loup ne nous trouve pas ». Servi par un trait expressionniste puissant mais minimaliste, ce récit personnel nous touche par sa pudeur, celle d’un homme qui s’est toujours senti « D’ailleurs ».
Label Ado-Lisant
“Caballero” de Lenia Major – Samir Editeur (2016)
Genaro Reyes a treize ans; il est en 3e. Il était l’intello; il a rejoint les cancres, jusqu’à terminer ivre mort à l’hôpital. Ses parents décident qu’il mérite trois semaines de vacances en Espagne chez un cousin, Pepito Perrito. Pepito Petit Chien… il aurait dû se méfier ! Genaro n’est pas prêt à côtoyer le pire et le meilleur, à lutter contre la barbarie et l’injustice. Il ne connaît pas encore Pirata, Tuxedo, Tonka… Mais surtout, Genaro n’imagine pas que sa vie sera bouleversée à jamais par Pepito, ses amis et la fabuleuse Lucy.
“La fille d’avril” d’Annelise Heurtier – Casterman (2018)
Comme pour la plupart des jeunes filles dans les années 1960, l’avenir de Catherine est tout tracé : se marier, avoir des enfants, puis… s’en occuper le plus clair de son temps. Un jour, elle est contrainte de rentrer du collège en courant. C’est une révélation : quel sentiment de force, de liberté ! Mais courir, surtout pour une femme, est une chose alors impensable. Pourtant Catherine s’interroge, rêve d’une vie différente, s’entête…
Jusqu’où sa détermination la mènera-t-elle ?
“Dans la forêt de Hokkaido” d’Eric Pessan – L’école des loisirs (2020)
Les anges gardiens n’existent pas qu’en rêve, le saviez-vous ? Lorsque Julie plonge dans le sommeil, son monde bascule. L’adolescente se retrouve dans la forêt de l’île japonaise d’Hokkaido, reliée physiquement à un petit garçon de sept ans. Abandonné par ses parents, il erre seul, terrifié, et risque de mourir de froid, de soif et de faim. Quel est le lien entre Julie et l’enfant perdu ?
“La fosse au loup” d’Alexandre Chardin – Thierry Magnier (2018)
Quand Blanche, 13 ans, débarque dans ce coin perdu de la forêt, elle n’en croit pas ses yeux. Cet homme sauvage vivant dans une cabane délabrée est-il vraiment son père ? Il veut qu’elle parte. Elle restera ! Pour se rapprocher de lui, Blanche ira jusqu’à lui faire la promesse de l’aider à capturer ce loup qu’il traque sans succès depuis des années.
“Le petit prince de Harlem” deMikaël Thévenot – Didier jeunesse (2018)
Harlem, années 1920. Entre les trafics de rue et la pauvreté ambiante, Sonny, 14 ans, fait tout ce qu’il peut pour aider sa mère à joindre les deux bouts. Quand l’opportunité de vendre un jeu illégal de loterie se présente, le jeune garçon délaisse l’école et entre dans le gang de Queenie, la reine de Harlem. Un soir, il entend le son d’un saxophone dans son immeuble. Un jazzman du nom de Charlie s’entraîne sur le toit. Bouleversé par cette musique qui lui rappelle son père, Sonny va devenir son élève. Il apprend vite, il pourrait même se faire un nom. Mais entre la rue et les toits, peut-il choisir son destin ? Une écriture simple, pleine de beauté et de pudeur, une immersion dans le New-York des années 20.
“Partis sans laisser d’adresse” de Susin Nielsen – Hélium (2019)
Félix Knutsson, douze ans trois quarts, vit avec sa mère, Astrid, et sa gerbille, Horatio. Tous trois habitent dans un Combi Volkswagen « emprunté « . Astrid assure que la situation va s’arranger dès qu’elle aura trouvé du travail, et fait promettre à Félix de garder le secret. L’adolescent tient sa langue et parvient à faire sa rentrée dans un nouveau collège, comme si de rien n’était. Mais à mesure que l’hiver approche, les temps se font de plus en plus durs. Félix en est sûr : la meilleure manière de s’en sortir est de participer à son émission de télévision favorite « Qui, Que, Quoi, Quand ? ». S’il gagne, il remportera vingt-cinq mille dollars, et alors Astrid et lui n’auront plus aucun souci à se faire !